Un peu plus

Ouvrir des espaces de pensée

Penser n’est pas uniquement réfléchir sur l’action immédiate pour trouver une solution face à une difficulté. C’est souvent remonter au niveau plus profond du « problème » (ce qui importe, fait sens), pour en explorer la teneur et parfois en décaler la définition, mais sans avoir obligation d’en tirer toutes les conséquences concrètes immédiatement. On ne sait pas d’avance sur quoi, quand, où, ni comment, une pensée vivifiée va avoir des effets.

Penser se réfère certes toujours, à un moment ou à un autre, à des situations concrètes (sinon, c’est de l’idéologie), mais met aussi en mouvement des abstractions, l’imagination, le symbolique, le sens, l’intuition.

Et tout cela selon des modes de pensée qui sont divers, la dominante rationnelle n’étant qu’une option parmi d’autres.

En conséquence, vivifier la pensée des autres requiert à la fois de comprendre leurs modes de pensée propres, de s’appuyer sur leur pensée existante, et de se détacher de la volonté de contrôler en avance ce que cette activation peut produire ailleurs, plus tard.

Agencements

L’acteur individuel est fait de plusieurs couches, conscientes et inconscientes : corps, émotions, affects, pensée… L’individu n’existe pas d’une manière complètement indépendante de ses milieux de vie, naturels et socio-culturels. Il est en lien avec des symboles, des sens et des valeurs. Enfin l’individu n’est pas toujours agissant : il peut aussi prendre du recul, s’abstenir, ne pas interférer – et cela importe.

L’acteur-système comprend les relations entre les personnes dans les milieux et environnements, les organisations humaines et leurs fonctionnements, les cadres culturels, sociaux et institutionnels. Dans le monde du travail cela inclut : les situations de travail concrètes et la mise en oeuvre in actu des compétences ; l’organisation des entreprises, le management et le développement des compétences ; et enfin les cadres juridique, règlementaire, politique, culturel, formatif, de pilotage sectoriel et de « gouvernance ».

L’acteur-réseau renvoie au fait que pour comprendre les sociétés contemporaines, il est indispensable de prendre en compte le rôle d’entités non-humaines, comme par exemple les objets, les symboles et les connaissances.

Au final, c’est l’ensemble de ces trois niveaux qu’il faut considérer, selon une approche systémique attentive à leurs configurations et articulations.

Si les systèmes en question peuvent être caractérisés par de fortes inerties, il n’en restent pas moins toujours en partie ouverts. Ils sont donc constitués à la fois par de la permanence et par du changement, d’une manière qui leur est propre, à un moment donné.

Développer des potentiels d’action

Je me méfie autant des injonctions à des changements brutaux et trop improbables, qui apparaissent tellement hors-sol, et seulement fondées sur la volonté et les « idées », qu’elles cassent les dynamiques envisageables ; que des jugements négatifs a priori, qui tuent dans l’oeuf tous les possibles en les condamnant d’avance.

Il n’y a aucune recette miracle, pour savoir a priori ce qu’il faudrait conserver et renforcer, ce qu’il faudrait changer, à quel niveau mettre la barre, à quelle vitesse aller, dans quel ordre procéder. Le point de départ n’est pas l’analyse. C’est toujours l’observation fine d’une part, et d’autre part l’écoute forte des concernés, au sujet de leur expérience effective complète (et qui n’est jamais de leur part une simple analyse ou réflexion). Viennent ensuite seulement une cartographie sur-mesure des agencements, puis enfin des propositions prudentes, à envisager avec les concernés.

Autant dire que si l’expérience accumulée, les connaissances pré-existantes, la maitrise des méthodes, les capacités d’analyse et de formalisation, sont des ressources précieuses, leur pouvoir reste limité et ne dispense jamais de la remise au chantier.

Valeurs

Si ce qui précède peut apporter sa petite touche au développement et au renforcement des territoires et du pays, et des métiers et organisations publiques et privées qui les font vivre. Si cela peut s’envisager selon une logique non seulement financière ou technologique, mais qui place la richesse des humains et de leurs capacités coopératives au centre du jeu. Si enfin cela occasionne des relations confiantes et enrichissantes avec mes partenaires et clients : alors c’est satisfaisant pour moi.